R.E.G.A.R.D.S LES YEUX: Portrait vert ENTRE LE SUD ET LE SUD.

UN PARADIS ET UN ENFER, COMME JE NE SAIS PLUS

On se regardait

Les yeux dans le coeur

On s'allongeait

Dès que c'était l'heure dans des divans feutrés

Pour oublier

Dans des lits d'alcools forts, d'alcools trop

Pour se perdre

Pour se trouver

Un paradis

Et un enfer

On s'envolait

Dans des fumées malsaines, dans des fumées femelles

Souverain, souveraine

Tu sais

La vie est

Un paradis

Et un enfer

A la fois l'océan

Et l'écueil

A la fois toi

Et moi

Tu sais

Ma vie

Et un enfer

Je fume, je bois

C'est pas sérieux

Tu sais

Ma vie

Et un enfer

Perdre mon temps, passer le temps

Et tombe la faux un jour ou l'autre

Tombent des amis, tombent les autres

Tombe le passé

Ainsi que le futur s'effondre au fur et à mesure

Le paradis

L'enfer

Tu sais

On se regardera

Les yeux dans le coeur

Vice-versa

On s'envolera encore

On se noiera, c'est fait pour ça

Le paradis

L'enfer

Tu sais

On s'amusera

En nuits d'amour

En corps à cors

Comme au premier jour

Avec des soleils et des lunes fétiches

Avec des ciels profonds comme tes yeux velours

On s'amusera en nuits d'amour

Tu sais

Tu sais

Comme tes baisers ma louve

Comme tes regards ma love

Un paradis

Et un enfer

Comme

Je ne sais plus.

C’EST LA GUERRE ORDINAIRE

Les avions comme des étoiles

Ont brillé dans le ciel azuré,

Un long, doux, chaud, jaune, etc...

Soleil s'est assis, impénétrable

Sur la ligne d'horizon

Le matin, sans mesure, au fur et à mesure

A éclairé les maisons ordinaires

Collées aux autres

Les unes et réciproquement.

Dans les villages et les villes

Les poitrines se collaient aux poitrines

Les bouches léchaient les bouches

Les yeux regardaient les yeux

Les mains tenaient les mains

Sur les routes et dans les rues

Les ombres jouaient avec les ombres

Les corps trichaient avec les corps

Les vies aimaient les vies

Des avions comme les étoiles

Ont donné un passage aux oiseaux

Des fusils ont tiré sur les deux

Au visé

La lune a ouvert les portes de la nuit

Une journée passe

Ton corps me mange

J'ai faim encore.

1982